Interview Gabriel AUGERAI : Artiste 3D généraliste

Interview Gabriel AUGERAI : Artiste 3D généraliste

Gabriel Augerai est artiste 3D généraliste, spécialisé en layout et prévisualisation. Passionné par le cinéma et l’animation, son métier consiste à concrétiser la vision d’un film en 3D, en transformant les storyboards 2D en maquettes détaillées. Dans cette interview, Gabriel revient sur son parcours académique, ses expériences internationales, et ses projets actuels. Il nous livre également ses conseils pour les futurs diplômés et partage sa vision créative pour l’avenir de l’industrie.

Peux-tu te présenter ainsi que ton métier ?

Je m'appelle Gabriel Augerai, et je suis artiste 3D généraliste avec une spécialisation en layout et prévisualisation. Mon travail consiste essentiellement à réaliser le maquettage de films en 3D, en passant du storyboard 2D à une version 3D. Concrètement, je m’occupe des caméras, de la mise en scène et de l’organisation des éléments visuels pour structurer le film dès les premières étapes. Ce processus permet d’anticiper les défis techniques et créatifs, en proposant des solutions en amont pour optimiser le projet.

C’est un métier complet, demandant un éventail de compétences techniques et créatives. En créant des maquettes 3D, on développe une vision globale du film et des potentiels obstacles, ce qui améliore la fluidité et l’efficacité du projet. Dans mon travail, je puise mon inspiration à la fois dans les tendances actuelles et dans des œuvres qui m’ont marqué. Chaque projet est une opportunité d'explorer de nouvelles techniques et de repousser les limites de mon savoir-faire. Le monde de l'animation est en constante évolution, et j'aime y apporter ma touche personnelle tout en continuant à apprendre.

Quelles qualités sont nécessaires pour exercer ce métier ?

Pour moi, la passion pour le cinéma et la technique sont primordiales. Il faut être prêt à sortir de sa zone de confort et être capable de communiquer efficacement. Les compétences en 3D sont évidemment indispensables, mais travailler en équipe implique aussi de bien comprendre le travail de ceux qui interviennent avant et après dans la chaîne de production. La communication est donc essentielle pour assurer la fluidité et la cohésion du projet.

En plus de la technique, la curiosité est essentielle pour comprendre le fonctionnement d’une production cinématographique. Pouvoir identifier la source d’un problème et proposer des solutions adaptées est une compétence importante. S’intéresser aux métiers du cinéma, et en particulier à l’animation 3D, permet vraiment d’appréhender les différents enjeux et défis de cette industrie.

Quel a été ton parcours académique ?

J’ai commencé à l’Institut de l’image de l’océan Indien, à La Réunion, où j’ai été formé aux métiers de la communication avec une spécialisation en animation 3D. Cette école couvre plusieurs domaines, comme le jeu vidéo, l’audiovisuel, et le développement de sites web. Après ma licence, j’ai passé une année à l’Atelier de Sèvres à Paris, sur les conseils d’un professeur qui voyait mon potentiel en animation 3D. C’était une étape importante qui m’a permis de rejoindre l’École des Nouvelles Images en deuxième année.

L’École des Nouvelles Images m'a permis de perfectionner mes compétences, d'explorer des techniques avancées et de travailler sur des projets ambitieux. Les cours étaient exigeants, et cette formation m’a donné une base solide pour évoluer dans le secteur.

Pourquoi avoir choisi l’École des Nouvelles Images pour ta formation ?

J'ai choisi l'École des Nouvelles Images pour sa réputation d'excellence académique et la qualité de son enseignement. Cette école met un point d'honneur à former des artistes complets, qui maîtrisent à la fois les aspects techniques et artistiques de leur métier. Je l’ai découverte lors d’une intervention de Julien Deparis à l’Atelier de Sèvres : en voyant les travaux des élèves de dernière année, j’ai pris conscience du potentiel infini de la 3D.

Ce qui m'a attiré à l'École des Nouvelles Images, c'est sa philosophie qui encourage les artistes à proposer leur propre vision. Cette école m’a aussi ouvert des portes grâce à son réseau. Beaucoup d'anciens élèves occupent aujourd'hui des postes dans des studios renommés, preuve de la qualité de la formation. En choisissant cette école, j’avais la certitude de mettre toutes les chances de mon côté pour réussir dans un métier compétitif.

Tu as passé 9 mois dans un studio en Espagne, chez Skydance. Quel a été le plus gros défi pour toi ?

Intégrer un studio à l'étranger a été une expérience enrichissante. Le plus gros défi a sans doute été d’adapter mon quotidien à une langue différente : le studio étant américain, il fallait jongler entre l’espagnol et l’anglais. Ce mélange culturel m’a permis de travailler avec des artistes du monde entier, un vrai melting pot qui m’a aidé à mieux comprendre l’industrie à l’échelle internationale.

Ce qui m’a vraiment marqué, c’est de pouvoir collaborer avec des personnes ayant travaillé sur des films qui ont nourri ma passion pour ce métier. J’ai même eu l’occasion de croiser Brad Bird, le réalisateur des Indestructibles et de Mission Impossible, lors d’une fête du studio. Ce fut une expérience incroyable et inspirante ! D’ailleurs, notre projet Spellbound, sur lequel j’ai travaillé, sort sur Netflix ce mois-ci !

Comment as-tu rejoint le studio Skydance ?

Avec notre film de fin d’études, nous avons remporté l’Oscar étudiant, une expérience marquante. J’ai intégré Skydance un peu avant l’Oscar : c’est ma bande démo, avec divers travaux dont mon film de fin d'étude, qui ont attiré les recruteurs. Suite à cela, j’ai été invité à présenter mon parcours et à répondre à une session “question/réponse” avec leurs équipes de Californie et d’Espagne. Cela a été une superbe occasion de réseautage et une belle vitrine pour me présenter en tant que jeune réalisateur.

Cette victoire a suscité des messages de félicitations de certains collaborateurs du studio, qui ont reconnu des références à des œuvres qu’ils avaient créées. C’était gratifiant de voir l’influence de leur travail dans notre projet, et cela a facilité mon intégration dans l’équipe de Skydance.

Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?

Je travaille actuellement sur un film indépendant, une production plus courte avec un budget plus modeste. Il s’agit d’une adaptation de la bande dessinée In Waves de AJ Dungo.

Travailler sur un film indépendant est très différent de l’expérience chez Skydance, où les projets s'étalent souvent sur plusieurs années.

In Waves s'adresse à un public adolescent et adulte, explorant des thèmes plus réalistes et profonds que ceux de Spellbound, un film d’animation familial. Cette transition entre les deux projets est enrichissante : elle me permet de découvrir des méthodes de production et des moyens techniques très variés.

Si tu avais un conseil à donner aux futurs diplômés, quel serait-il ?

Le conseil que je donnerais, c’est d’accepter le doute sans le laisser vous paralyser. Nous doutons tous de nos compétences artistiques, moi y compris, mais il faut avancer malgré les doutes. Ce doute fait partie du processus, et il ne doit pas nous freiner. Si une idée fonctionne, tant mieux ; si elle échoue, on apprend et on continue. La remise en question est bénéfique, mais il ne faut pas se mettre trop de pression.

Un autre conseil serait de ne pas hésiter à aller vers les autres, à échanger avec des professionnels de l'industrie, à demander des conseils. Dialoguer avec humilité est important pour progresser dans notre domaine, où être un bon artiste est essentiel, mais être une bonne personne l’est encore plus.

L’industrie du cinéma a longtemps eu des pratiques de domination ; en être conscient est déjà un pas en avant. Comme je le dis souvent, nous ne faisons "que" des dessins animés. Gardons cela en tête pour ne pas nous prendre trop au sérieux !

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Pour la suite, j’aimerais me lancer à nouveau dans la réalisation. Actuellement, je travaille sur des projets, mais ce ne sont pas les miens. Retrouver le rôle de réalisateur, comme en cinquième année, où j'ai pu plonger dans une histoire et y apporter ma propre vision, serait très enrichissant.

J’aimerais aussi raconter des histoires inspirées de La Réunion et les intégrer dans de futurs projets. Ce serait l'occasion de donner une voix aux histoires ultramarines et de les faire résonner plus largement.

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